reflexions

Aparigraha

अपरिग्रह : Désintéressement, non convoitise

Aparigraha est traduit également par non possessivité, non avidité, absence de cupidité mais aussi dépouillement, simplicité. Littéralement c’est ne pas tout accumuler, tout saisir. Cela donne l’idée de ne pas s’agripper.

Aparigraha est le 5ème précepte des disciplines sociales (Yama) du yoga aux 8 membres de Patanjali. Il est présenté après ahimsa (non violence), satya (authenticité), asteya (honnêteté), brahmacarya (tempérance au service d’un idéal absolu) – YS II­30. Lorsque ces quatre qualités sont établies, alors le désintérêt pour tout ce qui n’est pas indispensable peut émerger.

Dans nos sociétés occidentales très orientées et conditionnées par le consumérisme, où la possession d’un certain nombre de choses semble indispensable à notre bonheur, il est très difficile de comprendre et de laisser éclore aparigraha.

Aparigraha c’est ne pas retenir, ne pas agripper ou s’agripper à un objet, à un autre que soi, à un sentiment, à une idée.

Aparigraha c’est laisser de la place pour la mort dans la vie. C’est accepter que quelque chose puisse mourir pour qu’autre chose puisse vivre.

Pour pouvoir vraiment comprendre ce qu’est la vie, il
faut qu’il y ait l’espace pour la mort dans notre vie

P. Hersnack.

C’est alors (lorsque le dépouillement, le désintéressement est en place) que l’on peut accéder à une compréhension totale, une connaissance globale de la vie (YS II­39)

Aparigraha nous interpelle dans nos expériences de deuil : accepter de laisser partir un être cher (décès, séparation), accepter de ne pas posséder le dernier téléphone à la mode sans avoir peur d’être mal vu, accepter de vendre la maison dans laquelle on a plein de souvenirs parce que finalement ce n’est pas si essentiel pour être ce que l’on est…

Aparigraha c’est accepter de se dépouiller de tout ce qui nous encombre et encombre notre relation à l’autre pour donner de l’espace à la vie en nous.

C’est lorsqu’on accepte de lâcher la vie que l’on comprend la vie.

M. Alibert

Joëlle Breuil, mai 2013